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JACQUES OFFENBACH

Repères chronologiques

1819: Naissance à Cologne de Jacob Offenbach, fils de Isaac Eberst, chantre à la synagogue, qui se fit appeler Offenbach parce qu’il venait de la ville d’Offenbach-am-Main, près de Francfort.

 

1833: Âgé de 14 ans, il arrive à Paris, est admis au Conservatoire de Musique dirigé par le grand Cherubini et devient un violoncelliste de talent.
 

1855: A l’âge de 36 ans, il met fin à sa carrière de violoncelliste virtuose et à ses fonctions de directeur musical de la Comédie Française. Il monte une baraque foraine aux Champs-Elysées, en face de l’Exposition universelle, où il donne avec succès de petits opéras bouffes en un acte. A l’automne, il achète le théâtre du passage Choiseul, qui existe encore aujourd’hui, auquel il donne le nom de Bouffes Parisiens. 
 

1859 – 1869: Premier triomphe avec Orphée aux Enfers qui inaugure une décennie de succès avec, entre autres et dans l’ordre, La Belle Hélène, Barbe-Bleue, La Vie Parisienne, La Grande Duchesse de Gerolstein, La Périchole, La princesse de Trébizonde, Les Brigands.
 

1870 – 1880: Après une disgrâce due à la guerre de 70, il produit encore de nombreuses œuvres mais avec de graves difficultés : lassitude du public, santé défaillante, faillite de la Gaîté Lyrique dont il était devenu propriétaire. Son œuvre ultime, ce sont Les Contes d’Hoffmann, dont la première aura lieu en 1881, trois mois après sa mort (à 61 ans).

 


Vie privée – vie publique

Offenbach épouse en 1844 Herminie d’Alcain, espagnole, dont il aura 4 filles et un fils Auguste (qui mourra à 21 ans en 1883). Ses descendants actuels portent le nom de ses gendres Comte-Offenbach et Brindejont-Offenbach. Naturalisé français en 1860, chevalier de la Légion d’Honneur. Incessants voyages en Allemagne (Bad Ems, Berlin) et à Vienne (Autriche) où sa carrière est aussi brillante qu’en France. Voyage aux États-Unis en 1876. 



L’art d’Offenbach

Son succès tient autant à la qualité de sa musique (invention mélodique et rigueur de l’écriture), qu’à la cocasserie de ses livrets où règnent la parodie, la dérision, et une critique voilée de la société du second Empire. Il laisse plus d’une centaine d’œuvres lyriques, petites et grandes, dont une douzaine seulement est connue du grand public. Ses grands complices ont été les librettistes Henri Meilhac et Ludovic Halévy, plus connus pour leur livret de la Carmen de Bizet. Offenbach, sans complaisance pour le second Empire, en a été cependant le bouffon adulé et fêté. C’est la raison pour laquelle il a difficilement survécu à la défaite de Sedan. Sans tomber dans l’oubli, il n’a renoué avec la célébrité que lorsque Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault eurent monté La Vie Parisienne en 1959, lançant ainsi une Offenbachmania qui n’a cessé de se développer.

 


Offenbach et Napoléon III

Offenbach, de tempérament conservateur, n’a jamais été engagé en politique. Il n’aimait rien tant que jouir de la vie, c’était un amuseur-né. Quant à Napoléon III, parvenu au pouvoir de façon violente, il ne pouvait s’y maintenir que dans une fuite en avant faite de provocations militaires, d’investissements industriels et de fêtes continuelles. Offenbach était l’homme qu’il fallait pour faire du second Empire, avec ses spectacles, vingt années de folie débridée. Il n’a pourtant jamais été proche du pouvoir, trop indépendant et lucide pour cela. Il n’a par exemple jamais été invité à Compiègne, haut lieu des fêtes impériales. Offenbach s’est d’ailleurs copieusement moqué de l’Empereur dans son premier grand succès, Orphée aux Enfers, où Jupiter n’est autre que Louis-Napoléon, coureur de jupons, allusion soulignée par le fait qu’il se déguise en mouche, équivalent transparent des abeilles impériales. Tous les monarques, quels qu’ils soient, sont du reste ridiculisés par Offenbach, depuis le duc Sifroy de Geneviève de Brabant jusqu’au Roi Carotte, en passant par le vice-roi du Pérou, dans La Périchole, pratiquant l’incognito, tout comme l’Empereur, pour ses frasques amoureuses. L’Impératrice n’est pas épargnée, à travers l’Espagne, avec le « il grandira car il est espagnol » de La Périchole et l’invraisemblable ambassadeur d’Espagne dans Les Brigands. Détail amusant : le demi-frère de l’Empereur, le duc de Morny, offrit à Offenbach le livret d’un de ses premiers succès, Monsieur Choufleuri restera chez lui (1861).

 


L’invention de l’opérette

Le mot « opérette » est né en Allemagne au XVIII° siècle pour qualifier un petit opéra sans importance. Un siècle plus tard, il désigne une œuvre légère mi-chantée, mi-parlée, où domine le ton de la satire et du divertissement. Offenbach préférait nommer ses œuvres lyriques des « opéras-bouffes », se rattachant ainsi à l’ « opera-buffa » du XVIII° siècle qui donna naissance à la fameuse querelle des bouffons (primauté à la parole ou à la musique ?). L’opérette est aussi l’héritière du « vaudeville » illustré par Marivaux et Mouret, son musicien, où les pièces étaient agrémentées de couplets chantés et de l’ « opéra-comique » français de l’époque romantique, où se sont illustrés les Grétry, Auber, Hérold, Boieldieu etc… L’opérette a prospéré à la fin du XIX° avec Strauss (La veuve joyeuse), Lehar (Le pays du sourire), Lecocq (La fille de Madame Angot), à la Belle Époque avec Messager (Véronique), dans les Années Folles avec Maurice Yvain (Ta bouche) et dans l’après-guerre avec Francis Lopez (La belle de Cadix). Le genre est mort aujourd’hui, détrôné par la comédie musicale à l’américaine. Peut-on considérer Offenbach comme l’un des inventeurs de l’opérette ? Oui, mais il ne fut pas le seul. Son contemporain Hervé, né en 1825, est dans la même veine et il connut un énorme succès aux Folies Nouvelles, son théâtre du boulevard du Temple. Si Offenbach a survécu, c’est probablement à la qualité de sa musique qu’il le doit, à son génie mélodique, à sa gaîté, à sa façon inimitable d’associer une forme musicale parfaitement classique à un texte débridé, cocasse, voire déstructuré (Un roi barbu qui s’avance, bu qui s’avance etc… Un mari ré, un mari cal, un mari ci, etc… récalcitrant !).

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